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Séance darrachage de dent.
Le
dentiste, quand on avait le malheur den voir un, cétait pour vous arracher
les dents. Ce matin-là, il régnait dans la maison un calme étrange, une atmosphère ouatée, comme si tout le monde était déjà sous leffet du gaz anesthésiant. Tous les enfants de la rue qui avaient mal aux dents attendaient dehors avec leur mère, alignés docilement, tous plus morts que vivants. Certains se risquaient à se chamailler hypocritement pour passer en dernier. Les grandes personnes étaient exclues. Elles, les chanceuses, avaient des dentiers. Plus de mal de dent, plus besoin de dentiste. Tout breuvage et toute nourriture étaient interdits avant lopération. On devait rester à jeun et attendre que le sorcier arrive avec sa grosse sacoche noire doù il extrairait ses instruments de torture. Puis, à tour de rôle, on allongerait la petite créature sur la table froide et dure de la cuisine, on lui enlèverait cette quenotte maudite et hop ! quelques tapes sur la joue et tout serait fini. Ne resterait quun trou suintant en souvenir de ce voyage dans les vaps. Mais comment faire comprendre à un enfant de quatre ans, tenaillé par
la faim, quil ne peut rien mettre dans son petit estomac tant que le bon
docteur nest pas arrivé. Javais du attendrir maman puisquelle se
risqua à me faire avaler un verre de jus de tomate une heure avant larrivée du
docteur. Comme tous les autres agneaux du sacrifice, à mon tour, je monte bravement sur
la table, aspire le torchon puant et mendors profondément pendant toute la durée
de lexécution. Je dors si profondément en fait que je refuse de me réveiller.
Voilà que le sorcier est très inquiet. Maurait-il administré trop de potion
magique ? Aussi affolée que le sorcier, maman répond : "Mais non docteur, juste un verre de jus de tomate." Linquiétude du docteur saccrut. " Il faut la réveiller tout de suite. Je vous avais dit de ne rien leur donner ", lui reprocha-t-il. Les tentatives de protestations de maman se perdirent dans les efforts quon mit à me réveiller. Après mavoir bien secouée, on me retourna sur le ventre, me mit les mains dans la bouche et je me réveillai enfin en vomissant le jus de tomate maudit.
- " Au suivant, maugréa le docteur ".
Marie |
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